Je suis arrivĂ©e Ă Limoges par curiositĂ©, repartie par gourmandise. Ce qui devait ĂȘtre une simple escale de quelques jours sâest transformĂ© en un pĂšlerinage gustatif. Chaque coin de rue mâa rĂ©servĂ© une surprise, chaque assiette un frisson. Jâai dĂ©couvert ici une cuisine pleine de caractĂšre, rustique sans ĂȘtre grossiĂšre, authentique et rĂ©confortante, comme une conversation avec une grand-mĂšre quâon nâa jamais connue. Voici les dix spĂ©cialitĂ©s que jâai explorĂ©es avec passion â et quelques adresses prĂ©cieuses Ă noter absolument.
1. Le clafoutis aux cerises â Un souvenir dâenfance rural
đœ OĂč le savourer : Chez Mimi, 3 rue Gondinet, Limoges
Je nâai jamais compris pourquoi le clafoutis limousin nâa pas encore conquis les vitrines des pĂątisseries parisiennes. Ce gĂąteau simple, fait dâingrĂ©dients modestes, a pourtant ce pouvoir de nous ramener en enfance. Il mâĂ©voque les goĂ»ters chez ma grand-mĂšre, les cerises cueillies Ă la main et les doigts tachĂ©s de rouge. Ă Limoges, jâai enfin retrouvĂ© cette Ă©motion oubliĂ©e.
Câest Chez Mimi, une adresse presque invisible, que jâai vĂ©cu ce moment de grĂące. Lâendroit ne paie pas de mine, et câest justement pour ça que jây suis entrĂ©e. Ă lâintĂ©rieur, des nappes Ă carreaux rouges, une odeur de cuisine mijotĂ©e et des voix familiĂšres qui parlent fort mais avec le cĆur. Mimi, la patronne, mâa accueillie comme une niĂšce perdue de vue.
Quand le clafoutis est arrivĂ©, encore tiĂšde, jâai su que ce ne serait pas un dessert comme les autres. Les cerises, non dĂ©noyautĂ©es comme le veut la tradition, explosent littĂ©ralement en bouche. Leur jus teinte la pĂąte dâun violet profond, presque dramatique. Le bord est croustillant, presque caramĂ©lisĂ©, et le centre reste fondant, crĂ©meux, rĂ©confortant. Rien de sophistiquĂ©. Juste parfait dans sa rusticitĂ©.
đ Lâadresse ne prend pas les rĂ©servations en ligne. Il faut appeler avant 11h, et Mimi nâaime pas quâon arrive en retard.
đĄ Astuce : demandez la petite table prĂšs de la fenĂȘtre Ă gauche en entrant â la lumiĂšre est sublime Ă midi, idĂ©ale si vous aimez capturer vos assiettes. Pour d’autres repas, pensez Ă TheFork.fr : vous y trouverez des dizaines dâadresses limougeaudes Ă -20% voire -40% selon les horaires.

2. La viande de bĆuf limousin â FiertĂ© rougeoyante du terroir
đœ OĂč la dĂ©guster : Le Cheverny, 57 avenue Baudin
La premiĂšre fois que jâai croquĂ© dans une entrecĂŽte limousin AOP, jâai arrĂȘtĂ© de mĂącher quelques secondes, simplement pour laisser le goĂ»t faire son travail. Une viande douce, presque sucrĂ©e par endroits, avec une mĂąche parfaite et une arriĂšre-bouche longue et boisĂ©e. Cette qualitĂ©-lĂ , on ne la trouve pas en supermarchĂ©.
Le Cheverny est une institution Ă Limoges, sans chichi mais avec une Ă©lĂ©gance discrĂšte. Le service y est prĂ©cis sans ĂȘtre distant, et le chef sort parfois en salle, surtout sâil sent que vous ĂȘtes curieux. Câest ce qui mâest arrivĂ© : en lui posant une question sur la cuisson âbleueâ, il est venu mâexpliquer sa technique, sa source dâapprovisionnement et son rapport personnel Ă cette viande. Il mâa parlĂ© dâun Ă©leveur de Saint-Yrieix-la-Perche, chez qui il va rĂ©guliĂšrement. âJe choisis mes bĂȘtes comme je choisirais un vinâ, mâa-t-il dit. Je nâai jamais oubliĂ© cette phrase.
Jâai accompagnĂ© lâentrecĂŽte dâun gratin dauphinois fait maison, fondant comme un nuage, et dâun verre de rouge local recommandĂ© par le serveur : un vin charpentĂ©, aux arĂŽmes de fruits noirs et de cuir, parfait pour souligner la profondeur de la viande.
đ RĂ©servation trĂšs facile via TheFork.fr, surtout les soirs de semaine. Jây ai mĂȘme bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune rĂ©duction de 20% sur le menu Ă la carte.
đ¶ââïž Si vous arrivez par train, sachez que le Cheverny est Ă peine Ă cinq minutes de marche de la gare des BĂ©nĂ©dictins â ce qui en fait un point de chute idĂ©al dĂšs lâarrivĂ©e Ă Limoges, surtout si vous avez faim aprĂšs un long trajet.
3. La flognarde â Cousine gĂ©nĂ©reuse du clafoutis
đœ OĂč la savourer : La Cuisine de Babeth, 12 rue des Allois
Je suis tombĂ©e amoureuse de la flognarde dĂšs la premiĂšre bouchĂ©e. Moins fruitĂ©e que le clafoutis, souvent aux pommes ou aux poires, câest un gĂąteau Ă©pais, moelleux, riche en beurre et en Ćufs. Ă La Cuisine de Babeth, elle mâa Ă©tĂ© servie tiĂšde, avec une boule de glace Ă la crĂšme dâIsigny. Jâai discutĂ© longuement avec la patronne, une ancienne pĂątissiĂšre reconvertie en cheffe de quartier. Le lieu est petit, intime, avec une ardoise qui change tous les jours.
đ RĂ©servez sur place ou via LaFourchette.fr (nom local de TheFork).
đĄ Conseil : venez le midi, menu complet Ă 18 âŹ, dessert compris !
4. Le pĂątĂ© de pommes de terre â Rustique, noble et nourrissant
đœ OĂč lâhonorer : Chez Alphonse, place de la Motte
Ce plat est une ode Ă la simplicitĂ© : une pĂąte brisĂ©e, des pommes de terre tranchĂ©es finement, de la crĂšme, parfois un peu de lard. Mais bien exĂ©cutĂ©, câest une merveille croustillante et fondante. Chez Alphonse, il est servi en part gĂ©nĂ©reuse, accompagnĂ© dâune salade du jardin et dâun verre de chardonnay local. Lâambiance bistrot rĂ©tro est irrĂ©sistible.
đ RĂ©servations via TheFork.fr ou directement sur leur site.
đĄ Ne manquez pas la version âtruffĂ©eâ pendant la saison dâhiver !
5. Le pain perdu Ă la chĂątaigne â Une douceur boisĂ©e
đœ OĂč succomber : LâAtelier, rue de la Boucherie
La premiĂšre fois que jâai goĂ»tĂ© au pain perdu revisitĂ© Ă la chĂątaigne, jâai pensĂ© Ă une promenade en forĂȘt. LĂ©gĂšrement caramĂ©lisĂ©, parfumĂ©, moelleux⊠un dessert dâautomne parfait. LâAtelier propose une cuisine inventive mais toujours ancrĂ©e dans le terroir. Leur pain perdu est accompagnĂ© dâune crĂšme fouettĂ©e au rhum brun.
đ RĂ©servez tĂŽt, surtout le week-end, via Tripadvisor.fr.
đĄ Astuce : demandez Ă ĂȘtre placĂ© au comptoir si vous ĂȘtes seul·e, lâĂ©quipe est trĂšs conviviale.
6. Les tripes limousines â Pour les palais audacieux
đœ OĂč sâaventurer : Le Bouche Ă Oreille, rue de la Courtine
Je ne suis pas une fan de tripes⊠mais Ă Limoges, jâai changĂ© dâavis. Cuites longuement au vin rouge et aux carottes, elles sont fondantes, peu grasses, presque sucrĂ©es. Le Bouche Ă Oreille est une institution ouvriĂšre, populaire, sans chichi. Le menu du midi est imbattable.
đ Pas de rĂ©servation en ligne, il faut appeler.
đĄ Conseil : arrivez tĂŽt ou tard, entre 11h45 et 13h30, pour Ă©viter la file.
7. La tourtiĂšre limousine â Version sucrĂ©e au pruneau
đœ OĂč la goĂ»ter : Salon de thĂ© Marguerite, 7 rue Turgot
Fine, croustillante, beurrĂ©e, parfumĂ©e au rhum et aux fruits secs⊠cette tourte est un bijou. Chez Marguerite, on la sert tiĂšde avec une infusion maison. Jây suis restĂ©e une heure Ă lire, discuter, Ă©crire.
đ RĂ©servation inutile, mais prĂ©voyez un peu dâattente.
đĄ IdĂ©al pour une pause douce aprĂšs une visite au musĂ©e Adrien DubouchĂ©.
8. La galette de blé noir au fromage de brebis local
đœ OĂč la croquer : CrĂȘperie Saint-Pierre, 2 rue Haute-Vienne
Avec ses murs en pierre et ses galettes croustillantes, la crĂȘperie Saint-Pierre est parfaite pour un dĂ©jeuner sur le pouce. Leur spĂ©cialitĂ© ? Galette au brebis fondu et noix torrĂ©fiĂ©es.
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đĄ Optez pour la terrasse en Ă©tĂ© : vue sur lâĂ©glise Saint-Pierre-du-Queyroix.
9. La farcidure limousine â Une surprise vĂ©gĂ©tale
đœ OĂč la dĂ©nicher : Auberge du Pont Saint-Ătienne, au bord de la Vienne
Petite boule de pommes de terre rĂąpĂ©es, farcie aux herbes et parfois Ă la viande, cuite dans un bouillon clair. Une sorte de quenelle rustique, trĂšs populaire dans les campagnes. Lâauberge en propose une version lĂ©gĂšre et savoureuse.
đ Ă rĂ©server au moins 2 jours Ă lâavance via leur site.
đĄ En Ă©tĂ©, demandez une table sur la terrasse au bord de la riviĂšre.

10. Le fromage de vache fermier â Lâor blanc du Limousin
đœ OĂč le savourer : MarchĂ© central de Limoges (halle), stand de la ferme de La Chabanne
Chaque samedi matin, je file au marché pour acheter un petit fromage frais, encore tiÚde parfois. Doux, onctueux, acidulé. à déguster sur place avec un morceau de pain de campagne. Les producteurs sont passionnés, ils vous raconteront tout.
đ Pas de rĂ©servation nĂ©cessaire, venez tĂŽt.
đĄ Combinez avec un brunch improvisĂ© Ă la BrĂ»lerie Saint-Jean juste Ă cĂŽtĂ©.
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Je suis restĂ©e Ă Limoges bien plus longtemps que prĂ©vu. Ce nâĂ©tait pas seulement pour visiter, mais pour revenir encore et encore Ă ces tables, Ă ces marchĂ©s, Ă ces instants de chaleur et de simplicitĂ©. Ce que jâai vĂ©cu ici nâest pas une succession de plats dĂ©gustĂ©s, mais une immersion dans lâĂąme dâun terroir â une cuisine qui raconte les gens, les saisons, les paysages, sans jamais tricher.
Jâai compris Ă Limoges que manger nâest pas un acte banal. Câest une maniĂšre de se relier aux autres, Ă ce quâil y a de plus humble et de plus profond dans la culture locale. Une cuillĂšre de farcidure partagĂ©e sur une terrasse au bord de la Vienne peut valoir tous les monuments du monde.
Si je peux vous donner un dernier conseil, câest celui-ci : laissez tomber les itinĂ©raires trop structurĂ©s. Marchez, humez, goĂ»tez. Parlez aux gens. Chaque comptoir, chaque four Ă pain, chaque assiette est un portail vers une histoire vraie.
Et surtout, revenez. Avec faim, avec curiosité, avec lenteur.
Limoges mĂ©rite bien plus quâun dĂ©tour â elle mĂ©rite quâon y revienne pour manger avec le cĆur.
Bon appĂ©tit, et Ă bientĂŽt sur les routes gourmandes de France. đ«đ·đ„